Les émotions vont et viennent comme les vagues. On a beau essayer de les gérer, les dompter, les comprendre, elles font partie de nous et notre seul travail est de les reconnaître. C’est notre face sombre ou notre face lumineuse.
Elles vont et viennent comme le jour succèdent à la nuit. Il n’y a pas a en avoir honte ou à essayer de les cacher, de le repousser, de les ensevelir sous des tonnes d’autres choses, d’autres émotions qui ne sont pas nous, elles rejailliront quoi que l’on fasse.
Elles vont et viennent comme la roue d’un moulin sans fin qui plonge dans l’eau froide et nous retrouve haletant.e pour reprendre notre souffle. Elles nous coupent la respiration, nous barrent le chemin que l’on voulait prendre, sapent notre énergie et mènent notre vie vers une direction qui ne nous convient pas.
Les émotions sont fluctuantes. Le temps qu’il fait, un rayon de soleil, un compliment, une remarque, une proposition, une pensée, un souvenir et tout est changé, chamboulé. Vers le côté sombre. Vers le côté lumineux. Cela dépend d’où nous nous trouvons au moment où cet événement survient.
L’émotion agréable irradie de l’intérieur vers l’extérieur, elle est toute extériorisation. Elle demande à sortir, à exploser à être exprimée et partagée. L’émotion désagréable nous indique qu’une part de nous n’a pas été respectée et qu’elle demande justice pour que l’équilibre soit retrouvé. Ce n’est pas à l’extérieur que nous allons retrouver cette part manquante et cet équilibre, c’est à l’intérieur de nous, en nous.
Cette chose qui arrive est toujours extérieure à nous.
L’émotion désagréable est le signe que nous nous sommes tourné.e vers l’extérieur, vers l’autre, les autres, le regard des autres. Le signe que nous n’avons pas pensé à nous, à notre intérieur, à notre corps et à ce qu’il ressent, à ce qu’il a à nous dire. Le signe que nous nous sommes détachés de nous et que nous avons rompu le lien avec nous-mêmes.
L’intériorité, le silence, le calme, la paix, la solitude, la rêverie, le lien avec la puissance de la nature sont des valeurs qui ont été rejetées, niées, dévalorisées. Elles passent souvent pour être les symboles des parias, des décalés, des exclus, des bizarres, des êtres que l’on ne comprend pas, des femmes bien sûr, mais aussi les comédiens, les artistes, les lecteurs. Le symbole de personnes qui ne font pas vraiment partie de la société, qui s’en écartent par choix ou parce qu’ils ne correspondent pas aux lois dictées par une hiérarchie, qu’elle soit religieuse, étatique ou élitiste. Cette société d’économie de marché qui valorise tout le contraire : le bruit, la consommation, la masse, le profit, la guerre, l’action, le plus offrant, la rapidité. On est tellement plus malléable et plus gouvernable quand on ne pense pas par soi-même et qu’on ne prends pas le temps de réfléchir.
Les émotions nous rappellent à notre humanité
Un peu de bienveillance, de temps et de douceur pour tout ce qui nous relie à notre nature, à notre corps, à ce flux de sang qui coule dans nos veines inlassablement. Quand les émotions nous dérangent, c’est qu’il y a quelque chose à comprendre, quelque chose à écouter, quelque chose à intégrer et à digérer. Les surgissements des sensations désagréables nous disent Pourquoi ? Que se passe-t-il ? De quoi as-tu besoin que tu ne comprends pas ?

Cet article m’a été inspiré par ma lecture du livre de Susan Fletcher Un bûcher sous la neige. L’histoire d’une guérisseuse que l’on traita de sorcière pour les besoins d’une cause qui n’était pas la sienne. L’héroïne Corrag fait toute entière corps avec la nature et l’immanence (CNRTL : présence par mode d’intériorité). L’histoire fait référence au massacre de la communauté de Glencoe dans les Highlands écossaise en 1692 dans le climat de la révolution anglaise. Durant trois siècles, en Grande-Bretagne, plus de 100 000 femmes instruites, indépendantes, âgées furent accusées de sorcellerie, torturées, condamnées et brûlées ou pendues. Corrag est devenue une légende et fait partie du folklore. Si vous aimez les landes sauvages, l’Ecosse et la nature, vous allez adorer.
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