Il est des livres qui sont comme des rendez-vous. Ils nous attendent patiemment sur les étagères d’un magasin, au détour d’une rencontre. Ils sont apportés par les mystères de notre intuition ou les hasards qui croisent notre route.
Il est des livres que l’on peine à quitter et qui nous empêchent de nous plonger dans notre prochaine lecture. On ne sait pas pourquoi ils sont venus jusqu’à nous mais nous savons en les refermant tout ce qu’ils nous ont apporté. Ils sont comme des âmes sœurs destinées à accompagner notre route pour un temps. Le temps d’une lecture dont les impressions resteront gravées en nous.
Entre la fin de l’année 2019 et le début de l’année 2020, ils ont été trois à se suivre telles des étoiles filantes aussitôt vues, aussitôt disparues. Trois livres au passage de cette décennie d’une richesse incroyable. Trois gardiens pour me montrer le chemin et la direction à prendre pour les 10 prochaines années.
Voici les 3 livres du passage vers un autre monde possible
Tout a commencé avec une symphonie, une ode à la nature ancienne de plusieurs millénaire, présente bien avant nous et dont nous avons oublié les enseignements, la puissance, la sagesse. Nous nous sommes tournés vers notre civilisation humaine de plus en plus industrialisée, formatée. Nous avons oublié ce que la nature et les arbres ont de sacré et combien il nous sera impossible de vivre sans elle. Ils sont une poignée, ils sont des centaines déjà à comprendre ce qui nous relie aux arbres et aux forêts. Serons-nous bientôt des leurs à sentir combien nous sommes proches, combien ils nous sont nécessaires, combien ils peuvent nous apprendre ? Voici …
L’arbre monde de Richard Powers
L’arbre monde, Iggdrasil, l’arbre légendaire nordique qui soutient le monde, l’arbre de vie et ses 9 mondes dont s’est largement inspiré Tolkien pour créer Le seigneur des anneaux. Pourtant, il serait réducteur de voir ce livre comme l’écho à une vieille légende. Les histoires anciennes prennent leur source dans les mémoires humaines du début des temps, des périodes où la nature était souveraine. « L’arbre monde » est un livre magnifique qui nous emporte dans les méandres de l’histoire de 9 personnages qui seront liés les uns aux autres par un destin commun et par leur connexion aux arbres qui rencontreront leur vie quotidienne presque malgré eux. Il n’y aura plus à lutter juste à regarder et à être.
Il existe une connexion entre toutes les formes de vie que nous avons oubliée. Richard Powers (Source MadameFigaro – Minh Tran Huy).
J’ai été emportée, choquée, émue et subjuguée. Cette fois c’est un essai qui se lit avec toute la passion que son sujet peut susciter et par toutes les folies humaines qu’il a engendrées. Le destin de ces femmes a été terrible et parfois monstrueux. Toute l’ingéniosité de la cruauté a déferlée sur elles, non pas au Moyen-Age comme on le croit souvent mais surtout à la Renaissance que l’on glorifie. Pourtant, cette époque a été affreuse pour les guérisseuses et tous les porteurs de savoirs liés à la nature. Toutes les forces de pouvoir ont tenté de faire disparaître ce qui était représentait le féminin, l’intuition, l’animal au profit de la science, de la guerre et de la toute puissance du masculin.
Sorcières, la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet
Toute l’Europe de la Renaissance s’est levée pour anéantir la figure de la sorcière, le plus souvent des femmes indépendantes et âgées qui vivaient seules, voir sans enfant. Mona Chollet a écrit un livre magistral et documenté sur les rouages et la perversité d’une société qui a tenté d’éliminer toutes les traces de ces femmes que l’on disait sorcières pour les discréditer, les censurer, les réprimer et les tuer. Avec son livre, nous comprenons ce qui a été en jeu et ce qui l’est encore maintenant. L’auteur démontre le parallèle avec la société d’aujourd’hui où tout est contrôle et où les femmes qui n’ont pas d’enfant, les femmes âgées, leurs cheveux blancs sont objet de suspicion et de dégoût. Promouvoir la masculinité dans ce qu’elle a de plus guerrier pour inciter, hommes et femmes, à produire et à travailler sans cesse pour consommer, même si cela n’a plus de sens.
Pour terminer, le livre de l’invisible, de tout ce que nous ressentons au plus profond de nous, de ce que nous avons peur de voir et de trouver en nous, de notre animalité et de ce qui nous relie à elle. C’est un questionnement sur notre place dans cette civilisation qui nous rend fou et qui nous conditionne au mépris du vivant. Ce livre nous pousse vers l’inattendu en nous et vers l’inconnu nécessaire à rencontrer pour trouver ce qui nous fait vibrer, pour savoir qui nous sommes. Affronter tous les défis qui s’imposent à nous pour prendre notre place d’humain parmi les animaux et la nature. Cette place que certains croient toute puissance, au-dessus de toute vie. En sommes-nous si sûrs ?
Croire aux fauves, Nastassja Martin
C’est une descente vers soi. Soi face à un autre monde. Soi entre deux mondes qui se télescopent, s’affrontent, s’imbriquent, une vision qui efface toutes les frontières. Le visible et l’invisible, soi et l’autre, soi et l’animal. Une histoire de bête, un ours, qui rencontre, un humain, une femme. Un récit où se rejoignent les mythes, les rêves, la réalité.
Le passage se referme sur cette boucle entre l’arbre monde, l’humain et l’animal. Le rêve d’un monde où tout se côtoie et cohabite. Un monde qui est là, tout près, autour et en nous, à rêver et à vivre.
Christine Lenoir
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