Les rêves sont étranges.
Ils peuvent déserter nos nuits et puis, d’un coup, les hanter des mêmes personnages ou situations pendant une semaine entière.
Certains nous perturbent et nous interrogent. Pourquoi toujours ces autres que je connais, reconnais ou qui me sont de parfaits inconnus et visitent mon esprit. Qu’ont-ils à me dire pour revenir chaque nuit ?
Au matin, on essaie de se les raconter, si l’on arrive à raccorder toutes les bribes de l’histoire. Parfois on les écrit pour s’en rappeler tellement les événements semblent vouloir nous transmettre un message qui reste à décoder.
On se documente, on lit un livre ou deux sur le sujet. On cherche les symboles et les métaphores. On explore notre passé, notre présent, nos dernières contrariétés, ruminations et ce qui nous a remué le ventre, le cœur et l’âme récemment .
On se risque à en parler à un proche ou un.e ami.e si l’on a pas réussi à démêler les fils de la pelote ou pour confirmer la signification que l’on a trouvée.
La version de l’autre ne nous satisfait pas forcément.
Elle nous remet en face de nos peurs, de nos doutes et nous oblige à y faire face. L’autre met en évidence ce que l’on ne voulait pas voir ou nous offre une vision forcément subjective (vraiment ?) qu’il a de nous et de notre vie.
Tobie Nathan dans son livre « Les secrets de nos rêves » rappelle l’importance pour lui de l’interprétateur dans la révélation de la signification de nos rêves. Il aurait le recul nécessaire pour nous montrer les évidences.
Le rêve est un rituel magique.
Si le rêve est récurrent c’est qu’il a quelque chose à nous dire. Écoutons notre rêve et penchons-nous sur notre cas sous peine de toujours faire le même rêve.
Une action à entreprendre
D’ailleurs, ne savons-nous pas au fond de nous ce qu’il demande ? Que représente ce personnage pour nous ? A qui nous fait-il penser ? Ces inconnus qui nous poursuivent. Cet enfant dont nous devons nous occuper et qui a faim. Cette personne ou cette situation que nous avions oubliée. Cette bête sauvage qui tourne autour de nous, ce loup, ce cerf, qui revient nous visiter si souvent la nuit, que représente qui ou quoi pour nous ?
Qui veut être éclair doit rester longtemps nuage. Nietzsche
La doublure de ma veste s’est déchirée. C’est ma collègue qui me l’a fait remarquer. Alors ce soir, j’ai ressorti ma petite trousse de couture et je me suis installée sur mon fauteuil où je suis bien éclairée par la lumière de l’abat-jour. J’ai cherché du fil de la bonne couleur mais je n’ai pas trouvé le vert de la bonne couleur. Du coup, j’ai choisi du bleu foncé que j’ai enfilé sur l’aiguille. De toute manière, cela ne se verra pas à l’envers et les points seront quasiment invisibles.
J’ai pris le pan de ma veste entre les doigts de ma main gauche pour commencer. J’ai tout de suite senti quelque chose à travers le tissu, un peu comme un papier cartonné. Cela m’a intriguée. J’ai voulu savoir ce que c’était et j’ai du découdre un peu plus la doublure pour passer les doigts. J’ai attrapé le papier pour l’extirper du fond de la veste. C’était bien un papier. Un petit bout de papier replié que j’ai ouvert une fois. Deux fois.
Un message avait été inscrit à la main.
C’était peut être un ticket de contrôle mais je n’y ai cru qu’à moitié. D’autant plus qu’il était impossible de déchiffrer l’écriture un peu étrange, entre le hiéroglyphe et l’idéogramme. Je n’en avais jamais vu de cette sorte. Les traces me faisaient penser à une calligraphie asiatique.
J’ai posé le papier sur la table et j’ai tâté l’ensemble de ma veste. J’espérais en trouver d’autres. J’avais l’impression d’être au début d’une course au trésor. Quand on est petit cela arrive. On pense être au début d’un mystère qui mène à un trésor. On s’aperçoit terriblement déçu que ce n’est que la liste de courses de la voisine.
Il n’y avait aucun autre papier dans les méandres de ma veste. Un peu déçue, je suis revenue à la couture de la doublure et je l’ai terminée la tête ailleurs.
Après, j’ai passé le reste de la soirée à chercher dans mes livres et sur l’ordinateur ce qui pourrait ressembler à cette écriture. Je n’ai rien trouvé. C’était peut être un code secret ou juste des signes qui ne voulaient rien dire. Et puis, j’ai pensé à une écriture ancienne.
J’avais une piste à suivre.
C’était la transcription d’un dialecte de Sumatra. Il y avait sur mon écran des signes qui ressemblaient à ceux du petit papier. J’ai trouvé quelque chose et j’ai eu beaucoup de mal à m’endormir ce soir là. Comment faire pour traduire ce message ?
Le lendemain, ma collègue m’a fait remarquer que j’avais recousu la doublure avec un petit sourire auquel je n’ai pas fait attention.
En rentrant du boulot, je suis passée devant la vitrine d’une agence de voyages qui affichait une promotion sur le prochain départ vers Sumatra. J’ai souri.
J’ai suivi mon intuition.
Je suis rentrée dans la boutique pour réserver un billet. C’était trop beau cette coïncidence pour ne pas la suivre.
Quand j’ai raconté çà à ma collègue, elle a éclaté de rire et m’a avoué la supercherie : c’est elle qui avait mis le papier dans ma veste, elle qui avait recopié un message à l’identique, elle qui l’avait trouvé sur internet sans savoir ce qu’il voulait dire, elle qui m’avait fait une blague.
Pour faire bonne figure, je me suis levée l’air fâché. Je suis partie en lui tournant le dos mais si elle avait pu voir mon sourire. J’étais tellement heureuse de partir.
Les rêves c’est çà. Le décodeur c’est nous.
Il n’y a que nous qui pouvons décoder et savoir ce qui se cache derrière nos images mentales construites à l’abri de notre sommeil.
Parfois, il suffit d’un accident, d’une coïncidence ou d’une blague pour révéler ce qui se cache à l’intérieur de nous.
Christine Lenoir
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