Au mois de juin dernier, mon cœur m’a portée vers un livre dont j’avais beaucoup entendu parler mais sans vraiment rien lire à son sujet. J’ai surfé sur la vague de son succès sans vraiment y attacher d’importance. Il faut dire que j’ai souvent tendance à me méfier des livres que l’on encense et dont on nous rabat les oreilles sur toutes les antennes de radio et dans tous les médias. Et puis, pendant mes vacances dans le Jura, j’ai visité la librairie polinoise à Poligny justement 😉 J’ai déambulée dans les allées pour tomber sur ce livre comme « par hasard ». Cette fois, je n’ai pas résisté à la tentation et je l’ai acheté. Ce livre a tous les atouts pour me plaire : le titre inhabituel, le nom de l’auteur étrange, pour ne pas dire étranger, et le thème qui est celui de l’exil auquel je suis particulièrement attachée de part l’histoire de ma famille maternelle pied-noir espagnole.
L’auteur est iranienne, née à Téhéran, exilée et forcément déracinée, désorientée, désintégrée, DESORIENTALE mais surtout pas intégrée, comme elle déteste ce mot. Quel magnifique préambule que ce titre qui évoque la désintégration que peuvent vivre toutes les personnes arrachées à leur terre natale contre leur gré ou à cause des circonstances qui deviennent intolérables pour leur vie, voire leur survie.
C’est depuis une salle d’attente d’hôpital, où la narratrice attend, que surgissent tous les souvenirs. Ils remontent à la surface dans le désordre comme il en est de nos mémoires. Elle se rappelle les événements passés, heureux ou malheureux, émouvants ou drôles, parfois les deux. Les méandres de nos vies se mêlent et s’entremêlent au beau milieu de nos émotions et de nos sentiments. Le travail est de faire le tri, de démêler la pelote qui nous mène à notre propre identité, à notre propre chemin, indépendamment de notre famille. C’est sans doute encore plus difficile lorsque l’héritage est celui de l’exil.
L’exil est un pays à traverser, un océan à affronter. Il nous parle du fond de notre être. Il est ancré profondément et enraciné bien au-delà de nous-mêmes. On le croit mort et puis un jour il resurgit au détour d’une photographie, d’une chanson ou d’un souvenir qui refait surface.
L’auteur nous raconte le passé en Iran, le présent en France et le futur qui pointe son nez. Elle nous parle d’elle, de sa famille, de l’Iran, des iraniens, de leur histoire, de leurs combats, de leurs défaites, vu avec ses yeux d’enfant, d’adolescente, puis de femme. C’est passionnant, intéressant, émouvant parce qu’elle nous touche, nous parle aussi de nous, de la mémoire, de l’identité, de la famille et des choix que nous devons faire pour grandir.
« Voilà le drame de l’exil. Les choses comme les êtres existent, mais il faut faire semblant de vivre comme s’ils étaient morts« . Négar Djavadi, Désorientale.
Christine Lenoir
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Pour en savoir plus sur Désorientale de Négar Djavadi
Le mot de l’éditeur : Si nous étions en Iran, cette salle d’attente d’hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. Un joyeux foutoir où s’enchaîneraient bavardages, confidences et anecdotes en cascade. Née à Téhéran, exilée à Paris depuis ses dix ans, Kimiâ a toujours essayé de tenir à distance son pays, sa culture, sa famille. Mais les djinns échappés du passé la rattrapent pour faire défiler l’étourdissant diaporama de l’histoire des Sadr sur trois générations: les tribulations des ancêtres, une décennie de révolution politique, les chemins de traverse de l’adolescence, l’ivresse du rock, le sourire voyou d’une bassiste blonde… Une fresque flamboyante sur la mémoire et l’identité; un grand roman sur l’Iran d’hier et la France d’aujourd’hui.
L’auteur : Négar Djavadi naît en Iran en 1969 dans une famille d’intellectuels
opposants aux régimes du Shah puis de Khomeiny. Elle arrive en France à
l’âge de onze ans, après avoir traversé les montagnes du Kurdistan à cheval
avec sa mère et sa soeur. Diplômée d’une école de cinéma de Bruxelles, elle
travaille quelques années derrière la caméra. Elle est aujourd’hui scénariste
(documentaires, courts-métrages, séries) et vit à Paris. Désorientale est son
premier roman.
Ce qu’en dit la presse : Le livre est paru en avril 2018. Un premier roman salué par la critique, les libraires et les lecteurs. Vendus à plus de 70 000 exemplaires, il a obtenu 20 prix. Déjà vendus dans cinq pays (Allemagne, Espagne, Italie, États-Unis, Roumanie).
«Une voix qui nous enchante autant qu’elle nous étreint.» Le Monde
«De l’émotion, de la comédie, de la fièvre et du drame.» Elle
«Une histoire romanesque en diable, pleine de digressions délicieusement orientales.» Télérama
«Un Mille et Une Nuits rock et contemporain» L’Obs
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